L'éternité des gravures
Qui sait se détourner de la séduisante palette connaît le noir, ainsi que l'écrivait Odilon Redon, comme couleur de la vitalité.» Solange Arama-Chouchana a dompté ce noir par une technique de gravure exclusive et protégée qui associe un rendu aussi incisif qu'un trait de plume mais velouté comme le sfumato d'un Florentin du
XV e siècle.
A l’institut François-Mitterrand à Paris, on peut découvrir cette nouvelle technique et, surtout, s'abîmer dans la contemplation d'une série de portraits d'Einstein, Malraux, Jaurès ou Mitterrand, gravés à tout jamais.
Car rien ne dure, si ce n'est la gravure, et de cette éternité il est fortement question. Solange confère une portée sociologique au geste ancestral : fixer les personnalités qui fondent notre civilisation et immortaliser les images que véhicule notre inconscient collectif.
« Un témoignage impérissable dans un monde éphémère » dit-elle.
Si l'art est pérenne, l'exposition, elle, ne l'est pas.
Raison supplémentaire pour s’y précipiter.
Le Point, 2008
http://www.lepoint.fr